Cours n°7 – Rwanda – le génocide et « les » justices
Le Rwanda pour s’occuper de « ses génocidaires » a mis deux structures ; le Tribunal Pénal Internationale pour le Rwanda et les Tribunaux Gacaca. Ces juridictions pourraient se différencier par le fait que le TPIR s’occupe des responsables du génocide au plan politique ou médiatique alors que les juridictions gacaca (sur l’herbe) s’occupent de juger les personnes d’un village s’étant rendu coupable de génocide.
Le TPIR
Le procès Akayesu
C’était la première fois que le tribunal pénal International se prononce sur le crime de génocide aux termes de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et sur le viol en tant qu’acte constitutif de génocide.
Le verdict a été rendu le 2 septembre 1998 et condamne l’ancien maire de la commune de Taba à la réclusion à perpétuité.
Il a été traduit devant le TPIR sur des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité. Au départ, les allégations de violences sexuelles ne figuraient pas dans l’acte d’accusation, mais à la lumière de ce que des témoins ont révélé de façon spontanée et en réponse aux questions posées par les juges Laïty Kama, Nivanethem Pillay et Lennart Aspegren, des accusations relatives à des crimes de violence sexuelle ont été portées après modification de l’acte d’accusation sur requête du Procureur, le 17 juin 1997.
Les médias de la Haine
Hassan Ngeze, rédacteur en chef de la revue extrémiste bi-mensuelle Kangura créée en 1990 (arrêté en 1997 au Kenya) a été jugés coupables de génocide, d’entente en vue de commettre le génocide, d’incitation directe et publique à commettre le génocide, de complicité dans le génocide et de crimes contre l’humanité.
En 1994, avant et pendant la période du génocide, la radio et la revue diffusaient les noms et les adresses des futures victimes, commentant parfois en direct l’élimination des « ennemis ». En janvier 1994, Hassan Ngeze écrivait notamment : « Ce qu’on ne dit pas aux inyenzi, c’est que s’ils relèvent encore la tête, il ne sera plus nécessaire d’aller se battre avec l’ennemi resté dans le maquis. On commencera plutôt par faire un nettoyage de l’ennemi intérieur. (…) Ils disparaîtront. »
Il a été condamnés à la prison à vie ; il s’agit de la peine maximale et de l’un des verdicts les plus importants du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha (Tanzanie).
Des chrétiens impliqués dans le génocide
L’inculpation de Samuel Musabyimana, évèque anglican de la préfecture de Gitarama au centre du Rwanda en Comparaissant dès mai 2001 devant le TPIR souligne l’implication des autorités religieuses dans le génocide. Il est mort en 2003 avant la fin de son procès. Voir un reportage à propos d’Hassan Ngeze et Samuel Musabyimana tourné après le Génocide mais avant les arrestations de ces deux hommes. Il sont l’un et l’autre en exil sans regretter le moins du monde les actes génocidaires dont ils se sont rendus coupables…
Les tribunaux Gacaca
Le Rwanda a trouvé un moyen inédit de juger les crimes liés au génocide ; des tribunaux collaboratifs, dits gacaca, basés sur un système de justice traditionnel qui jusque-là n’était utilisé que pour régler des petits différends dans la communauté. Les procès ont lieu à l’extérieur – le mot « gacaca » signifie « sur l’herbe » en langage kinyarwanda -, les juges sont des anciens du village appelés « intègres » et le public peut intervenir.
C’est lorsque les tribunaux conventionnels ont croulé sous le poids des cas ayant trait au génocide (le gouvernement estimait alors qu’il aurait fallu 200 ans pour les juger tous) que les tribunaux gacaca ont été instaurés, (dès 2001). Pour beaucoup de Rwandais, ce système a permis d’obtenir la justice, mais aussi la réconciliation. Les accusés ont eu la possibilité de voir leur peine commuer en travaux d’intérêt général s’ils plaidaient coupable et s’ils consentaient à avouer leur peines pouvaient être plus courtes. Les juges les encourageaient à rechercher le pardon auprès des familles des victimes. Grâce à ces tribunaux, les familles des victimes découvrent, elles, ce qui est réellement arrivé à ceux qu’ils ont perdu.
Les organisations internationales, comme Amnesty International, soulignent que les tribunaux gacaca ne relèvent pas d’un procès juste selon les standards internationaux. Les accusés ne bénéficient pas de défense légale. Les critiques font aussi remarquer que les juges sont des anciens du village et qu’ils peuvent prendre parti. Et des groupes de survivants regrettent que ces instances ne s’intéressent pas au fait que le massacre de 800 000 Tutsis était planifié. La fin officielle de l’activité des tribunaux gacaca, initialement prévue en décembre 2009, a été repoussée en février 2010. Plus d’un million de cas ont déjà été jugés par ces cours populaires. Les Gacaca en images.
Guy labarraque
Sources : site de France24